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Julio Iglesias est désormais à la hauteur de Sinatra, Elvis ou des Beatles
8 Février 2019
Cadena Ser
 

Le nom d’Iglesias entre dans la liste sélecte des artistes légendaires de l’histoire comme Elvis, Sinatra, les Beatles, Bob Dylan ou Aretha Franklin


Un demi-siècle après que Julio Iglesias monte pour la première fois sur scène, le chanteur va ajouter un nouveau fait marquant dans sa carrière, un événement qui le situe parmi les plus grands de la musique anglo-saxonne. Dimanche prochain, à Los Angeles (Californie), l’Académie américaine des Arts et des Sciences distingue le chanteur espagnol avec l’attribution d’un prix historique à toute sa carrière  (“Lifetime Achievement”) et reconnaît son influence sur plusieurs générations. 


Avec ce prix, Iglesias est désormais à la hauteur d’Elvis, de Sinatra, de Dylan ou des Beatles, autres artistes qui ont reçu ce prix important.  Une grande réussite pour un footballeur qui vit sa carrière dans les stades interrompue par une blessure. Iglesias apprit à jouer de la guitare lors de sa rééducation et à composer ses premières chansons, lançant ainsi par ricochet une carrière pleine de prix, de records et de reconnaissances. 


Le 17 juillet 1968, il y a maintenant 50 ans, Iglesias gagnait le Festival International de la Chanson de Benidorm avec la chanson La vida sigue igual, qu’il avait composée pendant sa convalescence. Une autre histoire, une autre vie commençait. 


Iglesias, petit à petit, s’est ouvert un chemin dans la musique en faisant la conquête d’un marché après l’autre, devenant l’emblème de la musique espagnole et son artiste le plus international. Huit ans plus tard, le chanteur se produisait pour la première fois au Madison Square Garden de New York, affichant complet pour le concert dans un temps record. Son aura de star internationale continua à augmenter. En 1982, il battit tous les records au Japon en vendant en six mois 1,2 million d’exemplaires du disque De niña a mujer; en 1987, avec son album intitulé Julio Iglesias, il devint le premier artiste à vendre plus de deux millions d’exemplaires aux États-Unis avec un disque en langue non anglaise. En 1988, il fut le premier à avoir un programme spécial en direct à la télévision chinoise que virent 400 millions de personnes. 


Sur le chemin restaient des chansons et des amitiés, des duos qui l’ont uni à tous les grands noms de la musique, des artistes aussi différents que Willie Nelson, Stevie Wonder, Diana Ross, Sting, Dolly Parton, Placido Domingo, Charles Aznavour ou Johnny Hallyday. Dimanche prochain, les Grammy lui donneront la reconnaissance finale, celle réservée aux artistes considérés légendaires. Julio est l’un d’eux. 

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Julio Iglesias, en concert en juin à Anvers
25 Avril 2019
Par: Julie Huon, Le Soir
 

Julio Iglesias est l’artiste latino ayant vendu le plus d’albums au monde : 300 millions. Il a enregistré plus de 80 albums chantés en 14 langues, a donné 5.000 concerts dans 600 villes devant plus de 60 millions de personnes et reçu pas moins de... 2.600 disques d’or et de platine. L’interprète de Pauvres diables et du légendaire Je n’ai pas changé a mis la Belgique au programme de sa dernière tournée mondiale, intitulée « 50 year anniversary World Tour ». Au téléphone, depuis la Floride, il entame la conversation par un facétieux : « Dis-moi, Julia, qu’est-ce que ta maman t’a dit de moi ? » Avec l’accent, c’est encore mieux.

De nos jours, 75 ans, c’est un peu tôt pour arrêter, non ?
Mais mon amour, ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas ma dernière tournée du tout. Non, non, tout le monde me demande ça mais je viendrai faire des concerts en Belgique au moins jusqu’à l’année... 2040 ! Je suis venu chanter pour la première fois en Belgique en 1969. A la mer du Nord, je m’en souviens très bien, c’était à Knokke. Le Festival de la chanson, il y a tout juste 50 ans. Il y avait du soleil, mais il faisait un peu froid...

En 2015, vous aviez été opéré du dos, vous aviez mal partout et pourtant, vous disiez déjà que vous aimeriez chanter jusqu’à vos 150 ans...
Ah mon amour, tu sais, les émotions des artistes changent tous les jours. La passion est différente chaque fois qu’on se réveille, c’est ce qui fait notre créativité. Si on était toujours de la même humeur, de la même couleur, on n’aurait pas ce petit quelque chose, ce petit talent pour changer les esprits. Heureusement qu’il y a les hauts et les bas, c’est ce qui fait tout dans la vie. Il n’y a rien de pire que les lignes droites, ce sont les courbes et les virages qui sont les plus intéressants. C’est ce qui nous permet d’écrire des chansons qui parlent de choses tout à fait différentes.

Du coup, en 50 ans, est-ce que vous avez réussi à faire tout ce que vous aviez envie de faire ?
C’est difficile d’être content professionnellement parce qu’on a toujours envie d’apprendre, de découvrir de plus en plus de choses. Ça ne s’arrête pas. Maintenant, il y a le possible et l’impossible. A mon âge, l’impossible, j’essaie encore, mais ça devient très difficile. Par exemple, ce qui est de l’ordre du rêve, pour moi, aujourd’hui, c’est de rentrer dans un studio d’enregistrement, comme je le faisais autrefois, pour une durée d’un an, un an et demi.

Pourquoi si longtemps pour un album ?
Parce que j’enregistre en français, en italien, en anglais, en espagnol, en japonais, dans des langues parfois très difficiles à chanter. J’ai toujours aimé ça parce c’est une façon d’entrer dans l’esprit des gens à travers des paroles qu’ils comprennent. Ce sont des choses que j’ai faites pendant 50 ans, maintenant, ce que j’adore, c’est monter sur scène. Ça me rend heureux, je fais un peu rêver les gens, je les remercie surtout pour toutes ces années d’incroyable fidélité. La rencontre de l’artiste avec son public, c’est vraiment le meilleur moment.

Vous ressentez la même chose à ce moment-là qu’il y a 50 ans ?
Non, c’est beaucoup plus fort. Il n’y a pas de comparaison. A trente ans, c’est l’instinct et la passion qui dominent. A 60 ans, c’est la tête et l’âme. La passion sort d’une façon beaucoup plus contrôlée mais beaucoup plus forte. C’est-à-dire qu’à mon âge, je pense beaucoup plus aux gens qui sont là, devant moi : je me dis qu’ils ont acheté leur billet, qu’ils sont sortis de chez eux, qu’ils ont lâché internet, qu’il sont pris la voiture et qu’ils ont monté ces escaliers pour venir voir le spectacle. L’énergie qu’ils ont mise pour venir me voir me touche énormément. Autrefois, je ne pensais absolument pas à ça, à cet effort. Aujourd’hui, tout le temps. En juin, au Sportpaleis d’Anvers, par exemple, je sais qu’il y aura des gens de toute la Belgique, de Liège à Knokke !

Vous connaissez bien la Belgique, dites donc.
Je connais très bien la Belgique, je suis venu cent fois ici. A mes débuts, je chantais au Disque Rouge, un petit club à Bruxelles où sortaient beaucoup d’Espagnols. Après, je suis souvent venu à Forest National, et j’ai fait l’émission Chansons à la Carte une vingtaine de fois !

De quoi vous êtes le plus fier ?
Du public. Qu’il soit en Belgique, en Finlande, en Chine, en Australie, en Afrique du Sud. Tous ces gens qui ont trouvé quelque chose qui leur a plu dans ma musique et qui sont restés fidèles.

C’est rare, une telle fidélité ?
Non, prenez Sinatra ou Aznavour – mon ami, mon cher ami, ciao –, ils ont chanté jusqu’au bout et le public a toujours été présent. J’ai eu la chance de faire des duos avec tous ces grands artistes, même avec votre Johnny Hallyday sur la chanson J’ai oublié de vivre. Ce sont des artistes qui font partie de l’Histoire, qui sont ancrés dans la mémoire de tout le monde. Quel privilège pour moi parce que j’ai appris de chacun d’entre eux.

Vous ne vous classez pas parmi eux ?
Je suis le dernier de la liste ! Non, non. J’ai toujours leur voix dans les oreilles, c’était incroyable de les écouter chanter et d’avoir la chance de leur répondre avec ma voix, les mêmes paroles...

A l’inverse, il y a des choses que vous regrettez-vous un peu ?
Regretter, ce serait injuste parce que la vie m’a donné tellement ! Comment je pourrais regretter ? J’ai vécu, j’ai survécu après ce terrible accident quand j’avais vingt ans, et j’ai pu revivre encore en apprenant à jouer de la guitare et en allumant cette petite lumière dans les yeux des gens. Non, comme dans la chanson de Piaf, rien de rien, je ne regrette rien.

Cette histoire de guitare donnée par une infirmière à l’hôpital, avouez, c’est une légende ?
C’était pas une infirmière, c’était l’assistant de mon père – mon père était un grand médecin, un professeur réputé – qui, à l’université, avait pris sa guitare et me l’avait apportée parce que mes bras ne répondaient pas très bien. J’ai commencé à faire de petites harmonies, à écrire des paroles sur les airs que j’inventais... J’avais une compression de la moelle épinière et j’ai dû rester au lit pendant un an et demi, deux ans. Puis il a fallu recommencer à marcher, c’était terrible. Mais tout est oublié parce que ça m’a permis de vivre une aventure plus belle que tout !

Vous ne pensez plus à faire carrière au Real de Madrid ?
Je suis à jamais fan du Real ! Et de Rafael Nadal.

Et dans la musique, vous êtes fan de quel autre latin lover ?
Oubliez ça ! « Latin lover », c’est ridicule. Aimer n’a pas de nationalité, aimer n’a pas de religion. « Latin lover », c’est une expression de merde. Excusez-moi d’avoir dit merde. Mais comment peut-on dire, au siècle actuel, que les latins sont de meilleurs amants que les Chinois ? Je suis persuadé que les Chinois sont des amants formidables.
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